Le 5 juin, les président-e-s suisse Simonetta Sommaruga, allemand Frank-Walter Steinmeier et autrichien Alexander Van der Bellen ont publié dans «24 heures» une réflexion intitulée «Nous avons besoin d'une politique climatique pour la population et pour l'économie». C'est une nouvelle peu banale. Cette prise de position émane des sommets de nos trois pays et de ce que l'on attend de chefs d'État assumant leur rôle de guides démocratiquement élus. Il faut se réjouir de la hauteur prise par nos dirigeants pour viser un horizon politique transfrontalier ambitieux et courageux.
Car l'urgence climatique et environnementale exige de sérieux et prompts changements de comportement de la part autant des citoyens que des politiques. Ambitieux car ces mutations impliquent de nos autorités une action pédagogique plus persuasive que celle mise en œuvre lors de la crise covidienne, pour relever de plus gigantesques défis et assurer aux générations suivantes une planète encore viable. Courageux parce que cette posture engage à contrer l'inertie de forces politiques du passé, souvent assujetties aux lobbies plaçant leurs propres intérêts avant ceux de la population, jouant du prétexte des conséquences de la pandémie pour refuser d'innover. Parce qu'il faut aussi changer d'attitude face à la surconsommation, productrice de pollutions et de déchets à profusion, corollaire d'une croissance illusoirement sans limites.
La révision affadie de la loi sur le CO2 montre qu'une majorité de nos édiles continue à tergiverser et peine à passer du nuisible au bénéfique, du superflu au nécessaire, du quantitatif au qualitatif. À la société civile de se mobiliser pour approuver cette loi, même imparfaite, lors du référendum voulu par la droite climatosceptique. Nos trois président-e-s ont encore du pain sur la planche.