mercredi 24 février 2021

24 H Opinions : Aux USA ou en Suisse, tous dans la lutte pour le climat


    Opinions  du 24 février 2021

Alors que la lutte pour freiner et, il le faut, maîtriser le dérèglement climatique est loin d’être gagnée, on se félicite de la clarté et du courage avec lequel le président américain Joe Biden empoigne ce dossier. Il l’avait promis durant la campagne, mais les promesses électorales Or, une semaine après son entrée en fonction, il a pris une série de mesures (très) fortes - notamment en recrutant l’excellent John Kerry que Lausanne connaît bien.

Pour avoir un fils et sa famille aux USA, mon épouse et moi avons beaucoup suivi les événements récents et avons eu de la peine à en croire nos oreilles lors de ces annonces. Quand on sait que la majorité parlementaire dont M. Biden dispose est très fine, le vieux citoyen intéressé à la politique que je suis a pensé qu’il appliquait la devise «La meilleure défense, c’est l’attaque»!

Au vu du dédain complet - c’est un euphémisme - de l’administration précédente pour la protection de l’environnement, le nouveau président va faire l’objet de critiques très vives du bord conservateur - on l’accusera de «pervertir l’âme américaine» en freinant ses pulsions de croissance à tout va indépendamment des dégâts. Dans la foulée sera organisée, lors de la Journée de la Terre du 22 avril, une rencontre de chefs d’État sur le climat. On souhaite que notre pays se joigne à ce retour d’une grande nation dans la lutte pour préserver une planète vivable pour nos petits-enfants.

Nous sommes tous, depuis un an, perturbés par l’irruption du Covid, et, ancien médecin cantonal, je suis reconnaissant à mes successeurs et à leurs cheffes de leur engagement dans une situation pleine d’incertitudes, où on «apprend en avançant». Mais il faut savoir que, sans doute aucun, le dérèglement climatique aura des conséquences bien plus graves que cette pandémie, en termes de santés altérées, de vies perdues, de milieux de vie détruits, et cela pour des décennies (des siècles!). Il est donc indispensable de prendre simultanément des mesures adéquates à l’endroit des deux fléaux.

En Suisse, la priorité absolue est la révision de la loi sur le CO2. Les milieux liés aux combustibles fossiles ont lancé un référendum. Il me semble impossible d’imaginer un combat qui soit plus d’arrière-garde. Incompréhensible, alors que le monde de la finance (dont BlackRock, le plus grand fonds d’investissement du monde, mais aussi des esprits éclairés de la place genevoise, des caisses de pension, vaudoises notamment, et même, timidement encore, la BNS) est clairement en train de virer sa cuti et de désinvestir ce domaine.

Au moment où les USA reviennent à bord, on veut croire que, le 13 juin, le souverain suisse ne se montrera pas timoré et plébiscitera cette loi. Comprenant que, même si elle n’est pas encore suffisante, elle est néanmoins un pas significatif de notre pays pour assumer les engagements qu’il a pris, il y a plus de cinq ans déjà, lors de la Conférence de Paris sur les changements climatiques.

L'invité 
Dr Jean Martin

ancien médecin cantonal