24h p. 2 Opinion, jeudi 13 octobre 2022
L'invité
Dr Jean Martin
Grands-parents pour le climat
Pourquoi donc? Parce qu’il s’est opposé fortement à la stratégie énergétique 2050, puis a mené avec son parti, l’UDC, la charge contre la loi CO2, dont l’échec a sérieusement retardé la mise en œuvre par notre pays des mesures satisfaisant à l’accord de la COP 2015 de Paris.
«Comment imaginer un membre du gouvernement suisse proche du déni du réchauffement climatique?»
Ensuite, en toute simplicité, il est ou a été président de deux faîtières qui mettent tout en œuvre pour bloquer des mesures proclimat efficaces - elles diminueraient les profits tirés des combustibles fossiles et du trafic automobile. D’abord Swissoil, qui regroupe les milieux du pétrole (présidence qu’il a toutefois quittée en mai dernier). Et puis le lobby des importateurs de voitures, Auto Suisse. Sans oublier qu’il a un mandat auprès de l’Association des transports routiers. Vraiment, un greenwashing de son curriculum vitæ sera terriblement ardu.
Bien entendu, s’il était élu, M. Rösti abandonnerait ces juteux mandats et jurerait ses grands dieux que jamais il ne sera influencé dans son action par ses engagements antérieurs. Qui croira cela? Les liens personnels et informels subsisteront, invisibles mais intacts. Surtout, ces engagements correspondent à des convictions bien ancrées.
Comment imaginer un membre du gouvernement suisse proche du déni du réchauffement climatique quand on sait l’urgence qu’il y a à traiter les défis du climat et de la biodiversité? Pourtant un élu de son calibre a accès à de multiples rapports scientifiques, lit les journaux, pas seulement le bulletin de son parti. Est-il encore possible, à fin 2022, de se cacher la réalité?
Une évidence pour l’agriculture
Les canicules et sécheresses de cet été, les énormes inondations au Pakistan, les ouragans ravageant l’Amérique du Nord - et, pour un enfant de l’Oberland, la fonte à grande vitesse des glaciers. Il y a quelques jours, sans que je le sollicite, un ami cultivateur me parlait du dérèglement climatique comme d’un phénomène évident qui touchait sérieusement son activité depuis plusieurs années. Qu’en pense l’ingénieur agronome Rösti?
Une telle élection voudrait dire qu’un des membres du Conseil fédéral (au moins) s’opposerait de routine aux mesures indispensables pour tenter d’assurer à nos enfants et petits-enfants - et à la biosphère - un avenir vivable. Voulons-nous cela? Voulons-nous au gouvernement un Neinsager à cet égard? Cela ne va simplement pas, ce serait faire fi des transitions qui sont nécessaires en urgence.